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LETTRES ET SCIENCES HUMAINES [ L.S.H. ] |
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Nyansa-Pô |
Auteurs de l'article |
AUBIN AGNISSAN |
Mots Clés |
Etat, Nation, Ethnohistoire, Socio-anthropologie, Pluralisme
ethnique |
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Num ISSN : 1819-0642 [ Semestriel ] |
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Parution N° 10 du 04-12-2010 |
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Volume : 0 de l'année 2010 |
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LA QUESTION DE L’ÉTAT/NATION EN AFRIQUE ENJEUX
THEORIQUES ET PARADOXES SOCIOLOGIQUESpp. 7-22. |
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Du point de vue des sciences sociales les concepts d’Etat et de Nations
renvoient à des entités comme système ou organisation. Mais ces deux systèmes sont deux choses différentes. Il ne s’agit pas d’une différence de degré, mais une différence de nature. L’Etat est un système qui est de l’ordre juridique donc du domaine de la science normative alors que la Nation est système qui est de l’ordre du sociologique donc du domaine des sciences
un sociales nomothétiques. L’Etat comme système normatif est un produit de la culture alors que la Nation comme système sociologique est un produit de la nature. Derrière le
système sociologique qu’est la nation, se cache une propriété émergente qui
est la puissance ou l’effi cacité. En Occident l’État et la Nation se superposent
comme une entité intégrée au point où on pourrait même les confondre.
En Afrique, la réalité est différente. L’Etat et la Nation sont deux réalités
qui se chevauchent. En Côte d’Ivoire nous avons un l’État ivoirien (entité
ou système juridique avec une assise géographique) et mais pas une Nation
ivoirienne (entité sociologique ou société globale). En lieu et place de la
nation comme système sociologique ou société globale comme dans le cas
de la Côte d’Ivoire, nous avons une agrégation d’ethnies, un pluralisme
ethnique, situation hétérogène qui reste à transformer en système national.
De telle sorte que l’État système juridique ne repose pas sur un système
national mais une diversité de micro-nations dont les frontières culturelles
transcendent les frontières géographiques de l’Etat.
La stratégie de la balkanisation et de la création des nouveaux Etats
en Afrique a consisté à briser les entités nationales précoloniales ui ont
fragilisé ces systèmes sociologiques. Les migrations transfrontalières le
sont du point de vue étatique et non du point de vue sociologique dans la
mesure où ces dites migrations se font à l’intérieur de la même nation (aire
socioculturelle).
AUBIN AGNISSAN
Enseignant-chercheur
Institut des Sciences Anthropologiques de Développement (ISAD),
Université Félix Houphouët-Boigny Abidjan-Cocody
agnissane@yahoo.fr
Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, n° 10 - 2010
LA QUESTION DE L’ÉTAT/NATION EN AFRIQUE ENJEUX
THEORIQUES ET PARADOXES SOCIOLOGIQUES AUBIN AGNISSAN 8 Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, N°10 - 2010 Dès lors les questions des enjeux des identités se posent : une identité
étatique (juridique) s’oppose où se superpose à une identité nationale
(sociologique). Comment alors passer de l’Etat comme agrégation ethnique
ou micro-nations à l’Etat comme pluralisme cohérent ou système ? Tel se
présente la question de l’enjeu Etat-Nation. Le vecteur sociologique qui fonde
cette transition est l’ethnicité, conditionnalité sociologique sans laquelle
même les Etats les mieux juridiquement organisés manquent d’assise
solide. C’est cette catégorie sociologique à savoir l’ethnicité, qui forge la
culture organisationnelle, trame de fonds de la Nation. Sans cette structure
sociologique, toute politique de gestion ou de planifi cation stratégique bref de
pilotage au sens véritable de la rationalité managériale du micro-organisme
qu’est l’Etat, est illusoire. |
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